29 novembre 2023

Arts marquisiens


A son retour des Marquises, Birdy a appris que, pendant qu'il "vadrouillait" sur l'archipel, se tenait à Papeete le salon des Marquises, exhibition de 92 artistes venus de chacune des îles présenter ce qu'ils font le mieux. Il a juste eu le temps d'y passer avant la fermeture et vous en présente quelques images.

La confection de "Tapa" 

C'est l'un des points forts des Marquisiens et plus particulièrement des artistes de Fatu Hiva.

En grattant la couche externe grossière de l’arbre, on extrait la matière première de l’écorce du mûrier pour une étoffe blanche, de l’écorce de l’arbre à pain ou du banian pour une étoffe brun-rouge.

L’écorce est mise à tremper pendant 2 ou 3 jours dans l’eau pour l'assouplir avant de passer à son battage sur une enclume de pierre à l’aide d’un battoir en bois dur comme le filao ou avec un battoir en pierre. 
Sous l'écrasement du battoir, les fibres végétales s'allongent et s'emmêlent en bandes plus ou moins larges et épaisses selon le temps de battage. Ces bandes, à la fois souples et solides, sont ensuite collées les unes aux autres pour obtenir de plus grandes unités, utilisées entre autres pour la confection des costumes d'apparat.
La pièce de "tissu" est trempée dans l'amidon puis après séchage, les motifs peuvent être peints.

Les sculptures sur bois et sur pierre

C'est l'autre pôle d'excellence des Marquisiens avec bien entendu une propension à produire leurs fameux Tiki
en bois...

en pierre...



Ainsi que bien d'autres objets 

Toere (instrument de percussion)

Pagaies

Casse-tête

28 novembre 2023

Te Fenua Enata (Terre des Hommes)

Au moment de quitter ce superbe archipel, Birdy voulait encore apporter quelques précisions utiles, à commencer par son nom. 

A la recherche de nouvelles terres, de richesses ainsi qu'à la croyance en l'existence d'une "Terra Australis Incognita", l'archipel est découvert en 1595 par les explorateurs Álvaro de Mendaña et Pedro Fernandes de Queirós qui aperçoivent tout d'abord l'ìle de Tahuata sans trouver la possibilité d'y accoster. Ils gagneront ensuite Fatu Hiva où 400 personnes, en pirogues, les accueilleront. C'est eux qui donneront à cet archipel, le nom d'Islas Marquesas de Mendoza en hommage à leur protecteur : le marquis García Hurtado de Mendoza, vice-roi du Pérou. Ce nom fut par la suite abrégé et Marquesas, fut traduit en français par Marquises.

Quelques siècles après, le "Paul Gauguin" mouille à Atuona 

Language

La langue marquisienne diffère de la langue tahitienne (50 % d'intercompréhension, lexique similaire entre 45 et 67 %) ou du paumotu (29 %). C'est une proche parente des langues polynésiennes de Polynésie orientale, dont notamment le maori des Îles Cook, le maori de Nouvelle-Zélande, le pascuan ou rapa nui (langue de l'île de Pâques), et plus particulièrement l'hawaïen dont il serait un des principaux ancêtres.

Quelques formules usuelles

Haka

Le Haka est une danse ancestrale marquisienne. Cette danse guerrière était utilisée pour impressionner l'adversaire lors de conflits entre les tribus des diverses vallées.  La culture se transmet de génération en génération. Dès le plus jeune  âge, les enfants dansent le Haka en tenue traditionnelle. Les danseurs se parent de végétaux tressés enduits d'huile de coco pour faire briller et faire ressortir les couleurs. Cela rappelle une tenue de camouflage parfaite pour se fondre dans un décor naturel et pouvoir se cacher sans risque d'être vus.

https://polynesia2013.wordpress.com/2018/04/07/haka-aux-marquises/#jp-carousel-1137

Danse guerrière, danse de la puissance, danse festive, danse du cochon, danse de l'oiseau, il existe autant de danses de Haka que de symboliques. Toute occasion est animée par une danse de Haka. Cela fait partie du quotidien car la danse est une forme d'expression.

En excursion sur l'île de Tahuata, notre guide Brian O'Connor a tenu à nous initier au "Haka du cochon". Soyez indulgents !

Le tatouage

Contrairement à la mode qui fait actuellement fureur en Europe et qui ne repose sur aucun fondement culturel, le tatouage est un élément essentiel de l'identité marquisienne.


Débuté au moment de l'adolescence, le processus de tatouage se poursuit tout au long de la vie. Les tatouages marquent l'appartenance clanique, le statut et les faits accomplis.

Le Patutiki est le nom donné au véritable tatouage marquisien. Il est l’accolade des mots « patu » qui veut dire « frapper » et « tiki » qui veut dire « image ou figure ». Originalement, le tatouage était réalisé à l'aide d'un peigne à tatouer en forme de petite hache avec une lame dentelée en os, arrête de poisson ou écaille de tortue sur lequel on frappait avec un maillet en bois.


L'encre était obtenue en mélangeant de la suie de noix de bancoulier avec du mono'i (huile de coco).

Le tatouage marquisien traditionnel avait un aspect collectif. Le fils du chef du clan était tatoué en premier mais au même moment que les autres garçons de sa génération. La patutiki ne se déroulait pas au village mais dans une petite construction en bambou recouverte de feuilles appelée « patiki » montée plus loin. Avant de poser le patutiki, une festivité est organisée avec les aînés de la famille du futur tatoué ainsi que ses amis.




27 novembre 2023

Hiva-Oa et ses meàe

Géographiquement, Hiva Oa ressemble beaucoup à Nuku Hiva si ce n'est que la chaîne de montagne y est un peu plus basse et le nombre de routes carrossables restreintes. En particulier, toute la partie ouest de l'île reste inatteignable.

Le centre de l'île est parcouru de multiples vallées qui débouchent sur la mer.


Ce jour-là nous avons la chance de partir à la découverte de la vallée de Puamau avec un guide bien connu sur l'île qui a terminé une formation universitaire sur les différentes cultures du triangle polynésien - espace compris entre Hawaï, la Nouvelle Zélande et l'île de Pâques - dont font partie la Polynésie française mais aussi les archipels des Fidji, Cook, Samoa, Tonga  Wallis et Futuna.
Brian O'Connors, surnommé "Captain Bligh"

Bien que Marquisien "pur sucre", son patronyme irlandais lui vient de son arrière, arrière-grand-père qui s'est établi à Hiva Oa au milieu du XIXème siècle.

Route d'accès à Puamau

La vallée du Puamau est la plus riche de l'île d'Hiva Oa, voire de l'archipel en sculptures de pierre. Le meàe O lipona est un des sites majeurs de Polynésie française. Sa renommée tient notamment à la dimension, quantité, qualité et variété de ses Tiki. C'est pour cela que ce site a été retenu dans le cadre de la candidature des îles Marquises au patrimoine mondial de l'UNESCO.

Les toits ont été construit pour protéger les Tiki des déprédations climatiques

Le Me'ae (Marae en  tahitien) est considéré comme l'espace sacré par excellence. Toujours "tapu", c'est-à-dire d'accès interdit ou réservé à des personnes dont le "mana" (grandeur, autorité, force, stature...) était très important, il l'était particulièrement pendant le temps des rituels. Le terme me'ae désigne en fait plusieurs types d'endroits et d'édifices. Il s'applique, en premier lieu, à des sites funéraires qui correspondent aux lieux d'inhumations de lignées importantes mais aussi aux endroits ou étaient déposés les os des membres d'un clan.

Le plus grand Tiki de Polynésie (2m43)

Le TIKI, premier homme qui naquit de Ta'aroa (le créateur suprême dans la mythologie polynésienne) est une œuvre d'art qui se mêle à la vie des Polynésiens. Il y a des Tiki représentant la puissance, le savoir, la sagesse, la prospérité et encore bien d'autres concepts forts. Talisman symbolique doté du MANA, il abrite des demi-dieux aux bienfaits innombrables. Le Tiki a su conserver cette valeur spirituelle et mystique.

Les Polynésiens vénéraient et craignaient  les Tiki car ils peuvent être bénéfiques pour certains mais aussi néfastes vis-à-vis de ceux qui leur portent préjudice. Au sein d'un Fare, il protège ses habitants et éloigne les mauvaises énergies.

Ce Tiki a dû être traité chimiquement pour le débarrasser des spores de champignons qui rongeaient sa structure. On remarquera qu'il a été émasculé (comme la plupart des autres!) par les premiers évangélistes, choqués par les attributs virils qui les troublaient un peu trop... 
Ce site possède le seul Tiki couché de Polynésie mais sa signification n'est toujours pas claire pour les archéologues qui n'arrivent pas à s'accorder sur son origine.
Seul Tiki représenté horizontalement 

Pierre à cupules (nombreuses sur ce site)
Hiva Oa possède un autre site archéologique important au dessus du village de Ta'aoa, non loin d'Atuona. Il s'agit du centre de cérémonie Upeke ("la femme qui a nourri les autres mères").

Cet ensemble très complexe, délimité intérieurement par des murets, renferme des lieux d'habitation, des jardins horticoles, des lieux communautaires dont un tohua (plateforme principale qui sert de cadre à de nombreuses festivités : danses, banquets voire sacrifices humains...)  ainsi que des sites religieux dont au moins deux me'ae.

plateforme principale (longueur : 52m)


Le seul Tiki d'un site vraisemblablement pillé...

Pierre à cupules


Pétroglyphe


Coup d'œil au retour sur la baie d'Atuona


26 novembre 2023

La Pirogue d'Hiva Oa

Du 16 au 23 décembre 2023, se déroulera à Nuku Hiva, le Festival des Arts et de la Culture des Îles Marquises. Ce festival qui a lieu tous les deux ans à tour de rôle dans une des îles est un évènement de la plus haute importance pour les populations locales qui rivalisent pour présenter ce qu'elles font de mieux. Initié en 1986 par l'association culturelle "Motu Haka o te Fenua Enata", il a pour but de maintenir vivace et de célébrer la culture Marquisienne. 


A Hiva Oa, on construit une énorme pirogue qui ralliera Nuku Hiva et sur laquelle la centaine de danseurs pénétreront dans la rade de Taiohae au son des tambours. On n'ose pas imaginer l'émotion que procurera cette prestation. 
les 2 coques seront reliées par 11 poutrelles
la cabine qui se situera au milieu de pont

Les deux proues seront ornées de Tiki sculptés.
Tous les motifs gravés correspondent à des éléments culturels propres à chaque tribu à qui correspond une vallée. 
modèle de base

transcription sur la pirogue

L'effervescence et l'importante adhésion des Marquisiens de tout l'archipel fait de ce festival, un événement majeur pour l'archipel, dont la renommée dépasse largement les frontières de la Polynésie française. Durant ce laps de temps, les Marquisiens de chaque île mettent en valeur leurs spécificités locales, sur le plan des chants et danses, de l'artisanat, de l'art et du culinaire. C'est une occasion de partage et d'échanges entre les différentes cultures en présence.